Il a neigé à Hurtebise.
Le soleil et la neige immaculée
m'attirant irrésistiblement, j'ai accepté l'invitation intérieure à une petite
promenade. Après avoir quitté la foule des skieurs du week-end tout heureux de
pouvoir enfin profiter des plaisirs hivernaux, je me suis dirigée vers un lieu
moins fréquenté.
Je marchais depuis quelques
minutes déjà attentive aux traces d'animal laissées dans la neige lorsque
j'aperçus, s'aventurant hors des sentiers battus, l'empreinte de pas humains.
Sans trop réfléchir, un peu par goût d'aventure, je les ai suivis. La neige
n'était pas tassée à cet endroit et je m'enfonçais rapidement jusqu'au dessus
des genoux. Il fallait effectuer de grandes enjambées pour avancer. Je ne
voulais pas abîmer davantage la couverture lisse et uniforme de la neige par
des pas supplémentaires. Je me suis donc scrupuleusement attachée à ces traces.
Et puis, ces pas menaient quelque part, je ne savais pas où, mais il y avait là
un chemin possible et praticable.
Je me suis arrêtée souvent. Les
rayons du soleil d'après-midi caressaient le paysage, se glissaient entre les
arbres, projetaient les ombres... Le doux murmure d'une cascade dans ce cadre
féerique invitait à la contemplation. Tout était cadeau ravissant mon regard,
mes oreilles, tout mon être.... et conduisait mon cœur à louer le Créateur de
ces merveilles... « Si telle est la splendeur de cette nature, combien
plus beau encore doit en être leur Auteur... » Louange à Dieu maçonnant
peu à peu un rempart solide et efficace contre toutes formes de mal...[1]
Cette expérience me conduisit à y
reconnaître une parabole de vie...
Un Autre avait parcouru, avant
moi, un chemin d'humanité, hors des sentiers battus... Ce sentier étroit qu'une
foule ne repère peut-être pas spontanément. Ces traces qui se révèlent à celui
qui veut bien ralentir le rythme, qui consent à se laisser dépasser par tous,
quitte à devenir apparemment le dernier... A celui qui se laisse entraîner dans
le silence et la solitude intérieurs pour se retrouver avec soi-même, avec Dieu
même, au plus intime de l'Être.
Et ce chemin tracé, demandant
parfois un peu d’effort, se révèle sûr, sans piège aucun... A condition que
j'accepte de mettre mes pas dans ces pas, sans m'écarter au risque de glisser,
de m'enfoncer démesurément, voire de tomber. Mais je suis invitée à la
confiance... Oui, si je te suis fidèlement, Seigneur, je serai menée au
« port » désiré[2] :
vers ces paysages intérieurs de beauté et de bonté qui nourrissent l'âme et
l'amour...
Les cloches du monastère se
mirent à sonner, invitant à la prière commune, à la prière pour le monde. Ces
pas laissés dans la neige me conduisirent à rejoindre la communauté pour,
ensemble, marcher à la suite de Celui qui nous précède sur le chemin... Un
chemin vers soi, vers Dieu, vers les autres.
Florence
[1] Ps
8,3 : « Ô Seigneur, notre Dieu, qu'il est grand ton nom par toute la terre !
Jusqu'aux cieux, ta splendeur est chantée
par la bouche des
enfants, des tout-petits : rempart que tu opposes à l'adversaire, où l'ennemi
se brise en sa révolte. »
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