dimanche 27 novembre 2016

Partage de nouvelles d’Italie (4)

Tout au long de ces journées, il a beaucoup été question de « formation », que ce soit en atelier, en conférence, ou dans des conversations occasionnelles.
On insiste de plus en plus sur le fait qu’en vie monastique, - et j’élargis volontiers en vie chrétienne - la formation n’est pas l’affaire d’un temps initial, le noviciat, les premiers vœux… mais l’affaire de tout une vie. Benoît appelle le monastère, une école du service du Seigneur. Qui y demeure est donc à l’école à perpétuité.
En utilisant le terme formation, Mère Araceli (une prieure des Philippines que certains d’entre vous ont rencontrée ici en janvier 2015) insistait sur le fait que la formation, n’est pas seulement un enseignement ou un apprentissage, c’est un processus de transformation personnelle mis en route à l’aube de notre vie, et qui ne s’arrêtera qu’à notre mort.
Avons-nous conscience de cela ? Sommes-nous vigilants à user de toute occasion, de toute expérience de vie comme d’un tremplin pour accroître l’humanité en nous, pour nous laisser transformer par l’Esprit, modeler par lui, pour devenir toujours davantage nous-même ? En vie monastique, il s’agit de croître par la foi, l’espérance et la charité, par les chemins de l’Évangile, par une quête inlassable de Dieu, qui nous mène à une vie toujours plus unie au Christ. Une vie toujours plus vivante en lui, par lui et pour lui. Cela n’est pas réservé aux seuls moines, c’est une invitation bien plus large, qui je pense peut vous rejoindre tous et chacun !


Soeur Thérèse-Marie

dimanche 20 novembre 2016

Partage de nouvelles d’Italie (3)

Lors du congrès des abbés, il y a eu beaucoup d’échanges, très fraternels. J’ai perçu bien plus que les autres fois, un réel désir de collaboration, de partage. Un nouveau père abbé primat a été élu, Père Gregory Polan, abbé de Conception Abbey dans le Missouri. Musicien et bibliste, il a reçu mission de revoir la traduction du psautier liturgique en anglais. C’est à ses yeux un merveilleux chemin de prière. Pour lui les psaumes sont un tremplin vers une prière personnelle. Le silence qui les suit doit permettre une lente descente de la Parole de Dieu en nos cœurs, pour y faire sourdre notre réponse. Quelle place les psaumes peuvent-ils tenir en nos vies ? Je vous laisse la question.
Père Gregory en acceptant cette mission doit renoncer à la charge d’abbé en sa propre communauté. Il nous disait combien cela lui était difficile, il était bien conscient que ses frères allaient lui manquer, mais qu’à ces moments de trouble, il repenserait au jour de l’élection, où pour lui la voix de l’Esprit était bien présente. Il se souviendrait de notre communion, tout autour du monde. Combien de personnes sont déracinées, quelle présence pouvons-nous leur offrir en signe de communion, de fraternité nouvelle ?
Père Aloys de Taizé nous a parlé de la vie de communion, nourrie à la Parole de Dieu. Il a ouvert son exposé sur le petit récit d’un prêtre letton qui a été condamné à dix ans de travaux forcés (sous l’ère communiste). On avait jeté sa bible par terre, et exigé qu’il la piétine. Au lieu de cela il s’est agenouillé devant elle et l’a embrassée. Père Aloys partant de là, nous a interpellés : quel amour de la Parole de Dieu anime nos vies ?
Partant du récit de la transfiguration de Jésus sur la montagne, il nous présente la vie comme nourrie, fortifie par cette expérience initiale de communion avec Dieu, avec le Père, qui donne de traverser ensuite toutes les obscurités, de la croix, jusqu’à ce que paraisse la lumière de la résurrection. Il nous a ainsi rappelé combien la transfiguration est un récit qui a tenu une grande place dans la vie monastique.
Pour parler de la vie fraternelle, il interrogeait : à quel dépassement suis-je appelé aujourd’hui ? Pas nécessairement à faire plus, toujours plus… mais à aimer davantage, là nous n’aurons jamais fini…


Soeur Thérèse-Marie

dimanche 13 novembre 2016

Partage de nouvelles d’Italie (2)

Au terme de notre réunion à Assise nous sommes allées à Rome, où nous étions invitées à participer au Congrès des abbés bénédictins.
Cela nous a valu une audience privée avec le pape. Environ 250 moines et notre vingtaine de sœurs. Je vous partage juste une phrase de son allocution (vous pouvez trouver son entièreté sur le site du Vatican) : à cette époque et dans cette Église appelée à viser toujours plus à l’essentiel, les moines et les moniales conservent par vocation un don particulier et une responsabilité spéciale : celle de garder vivantes les oasis de l’esprit, où pasteurs et fidèles peuvent puiser aux sources de la divine miséricorde.
Il me semble que cette responsabilité à viser toujours plus l’essentiel, cette vocation de faire du monastère un tel oasis, vous la partagez avec nous.
A la différence des réunions précédentes auxquelles j’avais participé, le pape, après sa courte allocution a voulu saluer tous les participants un à un. Cela nous a vraiment touchés. Il avait une qualité de présence, d’attention, une simplicité de communion tout à la fois. Il a pris le temps pour chacun, sans la moindre impatience, un temps bref, vous pouvez imaginer vu le nombre. Mais un temps de véritable présence, où on en dit autant par l’échange de regard, que par de long discours. Je l’ai remercié pour sa manière forte de nous secouer, de nous provoquer encore et toujours à vivre l’évangile. Je lui ai demandé de continuer à nous interpeller ainsi. Il m’a répondu, oui, mais, prie pour moi, prie pour moi, prie pour moi.
J’ai reçu cette rencontre comme une grâce, et comme un appel, non pour moi seule, mais pour toute ma communauté, pour tous les amis d’Hurtebise. Je vous confie cet appel à la prière. Et ce regard profond posé sur chacun de vous.


Soeur Thérèse-Marie

dimanche 6 novembre 2016

Partage de nouvelles d’Italie (1)

A la Journée des Amis du 1 octobre, soeur Thérèse-Marie nous a partagé quelques nouvelles des rencontres bénédictines qui ont eu lieu en Italie ce mois de septembre.
Voir le début dans l’article précédent.

« Nous avons aussi eu l’occasion d’écouter P William Suklarek, responsable du dialogue interreligieux monastique. L’entendre dans le cadre d’Assise, lieu de ces rencontres de prière où les priants de toutes religions sont invités à prier pour la paix, m’a paru très suggestif. Souvent devant le déferlement de la haine d’islamistes, faussement identifiés au monde musulman, de sectaires de tout bord, faussement assimilés à une religion, nous sommes sans voix, comme les bras et les jambes coupés… entendons-nous assez la voix intérieure, qui appelle à faire ce que nous pouvons là où nous sommes. Accueillir l’autre, quand il se présente à nous, accueillir sa foi, l’expression de sa foi, et partager avec lui la nôtre, partager notre espérance. Le dialogue interreligieux monastique, n’est pas fondé sur des échanges théologiques, mais sur des partages de vie. Là, tous peuvent faire quelque chose… à quoi sommes-nous conviés, chacun, chacune, aujourd’hui, dans notre quotidien,… quel partage est possible ? »


Soeur Thérèse-Marie