dimanche 25 octobre 2015

Les sens de l'Humilité

Poème écrit dans le cadre d’un partage sur le thème de l’humilité. Il insiste, comme Saint Benoît nous y invite, sur la nécessité d’adopter une attitude extérieure en harmonie avec ce qui est vécu au plus intime du cœur. Les versets 56 à 61 du Chapitre 7 de la Règle de St Benoît appellent à cultiver l’amour du silence pour devenir présence attentive à l’autre, à privilégier le sourire de bienveillance et à parler calmement, en peu de mots, avec sérieux, traduisant ainsi la maîtrise de notre monde intérieur.

Les sens de l’Humilité


C’est au son discret de ta voix
Que je t’ai reconnue
Elle était douce et avait écarté les « Moi aussi je »
Et autre « Moi, je dis toujours »

C’est au sourire de tes pupilles
Que je me suis réchauffé
Elles disaient « Oui, je comprends »
Et « j’ai tout mon temps »

C’est à la paume de tes mains
Que j’ai senti tout ton accueil
Elles signifiaient que donner, recevoir et pardonner
Sont sources de bonheur

C’est au léger mouvement de tes oreilles
Que j’ai perçu la chaleur de ton écoute
Elles étaient toute ouïe
Au flot de mon tourment

C’est à ton parfum de violette
Que je me suis enivré
Il était tout en délicatesse et
m’apportait tant de tendresse

O Humilité, viens donc m’habiter
Pour qu’à d’autres
je puisse te partager
  Pierre

dimanche 18 octobre 2015

La Parole de Dieu


Bonjour,
La semaine dernière, en notre poursuite de la visite de la chapelle, nous nous étions arrêtés à quelques signes de la présence de Dieu. Sans doute avez-vous remarqué qu’un essentiel manquait… C’est tout simplement que nous l’avons réservé pour aujourd’hui. Il méritait bien un article pour lui seul.

Oui, tournons nos regards vers le lutrin, mobile à Hurtebise, où est toujours déposé un livre ouvert. La Parole de Dieu nous est offerte. En elle, Dieu vient à notre rencontre, se révèle. Cette Parole nous la recevons à chaque office, à chaque liturgie eucharistique, et chaque jour dans la « liturgie du cœur » qu’est la lectio divina. Une lecture priante de la Parole. Chaque soeur en fait au quotidien, prend un temps prolongé de lecture silencieuse de la Parole. Au long des jours il s’agit de se laisser ouvrir l’oreille, l’oreille du cœur. Accueillir la Parole, la prier, la laisser façonner notre vie. En un premier temps de lecture, après avoir prié l’Esprit d’habiter nos cœurs, nous sommes invitées à regarder le texte de plus près : son insertion dans la Bible, le vocabulaire utilisé, les passages parallèles, les passages semblables ou opposés, les liens entre Premier Testament et Nouveau Testament, le genre littéraire… Nous essayons d’éclairer ce qui nous pose question… Ces textes anciens requièrent en effet un travail de lecture attentive. Ensuite, nous nous attardons à contempler le visage de Dieu qui se révèle à travers ce passage. Car la Bible n’est pas d’abord un livre de morale qui va nous dicter la conduite à suivre, mais une révélation, certes tâtonnante, progressive, partielle du visage de Dieu. Nous y percevons aussi une révélation de notre visage d’humains. St Grégoire le grand nous invite à découvrir le cœur de Dieu en la Parole de Dieu.  Vient alors le moment de la prière : j’écoute ce que le Seigneur me dit à travers cette Parole, et je lui réponds. J’accueille dans le silence du cœur cette Parole, comme une semence qui germera en son temps.
Tu es tenté par l’expérience de la lectio, un blog peut t’y aider : http://partage-de-lectio.blogspot.be/

La Parole de Dieu tient une place importante en la vie de tout baptisé. Elle est là, ouverte au milieu de la chapelle, comme une invitation. Lors de la liturgie nous la recevons en assemblée, elle fait de nous le peuple de Dieu. Elle nous est confiée. Soyons dépositaires de cette Parole pour qu’elle trouve aujourd’hui encore un cœur qui écoute. 

Sr Thérèse-Marie


dimanche 11 octobre 2015

Où est-il ton Dieu?

Me revoici comme promis pour poursuivre avec vous notre petit tour de l’église du monastère. Aujourd’hui, je vous propose de nous attarder un peu aux divers signes de la présence du Christ.
Souvent on demande : « où est-il ton Dieu ? » Cette question n’est pas nouvelle. On la trouve déjà dans le psautier, ce livre de prière que Jésus à la suite des siens a utilisé.
L’église, en s’inscrivant dans le paysage d’Hurtebise, est comme un témoin de cette présence. Non point qu’elle soit LE lieu de sa présence, mais en ce qu’elle nous dit : « il y a Dieu », en ce qu’elle témoigne de lui.
Lorsque nous célébrons, un premier signe de la présence est l’assemblée elle-même. Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux, nous dit Jésus (Mt 18,20) Ainsi le frère, la sœur qui est là assis près de toi, est pour toi sacrement de la présence de Dieu. Ainsi l’assemblée dit la présence. Faire assemblée devient un geste de foi éminent, et ouvre à la présence réelle de notre Dieu. L’assemblée est Tabernacle de la Présence. Voilà qui nous surprend, nous émerveille, nous invite à participer à la liturgie avec un cœur attentif à la présence d’autrui, car en notre communion, Dieu s’invite.
Nous venons de parler de l’assemblée comme tabernacle, voilà qui nous invite à tourner nos regards vers le Tabernacle. Il nous proclame que le Christ est pain de vie.  La porte de notre tabernacle est l’œuvre de Philippe Denis. Le motif de cette porte suggère un cercle et ce cercle n’est pas plein, il est simplement évoqué. Invitation à ne pas s’arrêter à la matérialité de cette porte, mais à pénétrer. Invitation à s’intérioriser, à se recueillir pour demeurer en Lui comme Lui souhaite demeurer en nous. Ce cercle peut aussi évoquer l’alliance qui se noue dans ce don du pain.
Parler du don du pain, nous amène à la célébration eucharistique. Et nos regards se tournent vers l’autel. C’est d’un seul bloc de pierre que Jean Willame l’a sculpté : Christ est notre rocher. Sur lui nous pouvons fonder notre vie.
Au-dessus de l’autel, nous découvrons la croix : une croix glorieuse : le Christ n’y figure pas. Christ est ressuscité ! Il nous invite à passer avec lui sur l’autre rive, dans la foi. Les branches verticales et horizontales de la croix ont même dimension, signe que verticalité et horizontalité se conjuguent en nos vies, que tendant vers Dieu nous sommes appelés à tendre aussi vers l’humanité. Le commandement de l’amour est double : tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force. Et tu aimeras ton prochain comme toi-même. Telle est l’humilité de notre Dieu qui n’a pas voulu dominer, écraser, mais s’est fait l’un de nous et se donne à rencontrer dans le moindre de ces petits (cf Mt 25) Pour la réaliser Philippe Denis s’est inspiré d’un mot du prophète Malachie : « la guérison est dans ses rayons » (Mal 3,18) et de la citation du cantique de Zacharie « soleil levant qui vient nous visiter », chanté chaque matin aux Laudes.
Le cierge pascal, présent durant le temps pascal et lors de funérailles, nous dit que le Christ est notre lumière. Ainsi la liturgie a conservé l’usage de cierges durant les célébrations. On aurait pu penser qu’à notre époque les cierges seraient remplacés par une ampoule électrique. Mais non, la fragilité de la flamme qui s’élève d’une simple colonne de cire dit tellement mieux cette lumière que le Christ est cette lumière qu’il nous offre. Il s’offre à nous, il ne s’impose pas. Il ne cherche pas à éblouir, il veut seulement éclairer.
Le lutrin, où est ouvert le livre de la Parole, est aussi un signe de la présence : nous y reviendrons dimanche prochain...
Asseyons-nous simplement en cette église, laissons-nous habiter par Celui qui nous y donne rendez-vous.
Sr Thérèse-Marie

dimanche 4 octobre 2015

Une petite visite...


A la demande de la COREB (conférence des religieuses et religieux en Belgique) et de l’URV (organisme néerlandophone pendant), dans le cadre de l’année de la vie consacrée, ce week-end, les communautés religieuses de Belgique sont invitées à ouvrir un brin leur porte, à offrir un moment de rencontre à qui voudrait découvrir un peu la vie consacrée aujourd’hui.
C’est ainsi que la communauté d’Hurtebise avec quelques amis se tient prête à accueillir ce dimanche après-midi qui voudrait découvrir la vie monastique.
La prière de None, un montage diaporama, une petite visite de l’église du monastère, d’un ermitage, de l’atelier d’icônes, le partage du goûter, la prière de Vêpres, un temps d'adoration,... autant d’occasions qui sont offertes pour une rencontre, un partage.
Aussi pour vous, amis d’Hurtebise, pourquoi ne pas partager un brin quelques éléments de la visite de l’église du monastère ? Certains d’entre vous la connaissent bien, d’autres moins.
Alors en route pour un petit tour.

Tout d’abord, rappelons que la présence monastique à Saint-Hubert est attestée depuis le VIII°s. jusque fin du XVIII°s., en 1792 exactement lorsque la communauté des moines est dispersée. Cette présence monastique sera restaurée par une communauté bénédictine féminine en 1938, communauté qui oscille entre 15 et 20 membres. Il n’y a donc aucun lien de continuité entre la communauté des moines et cette petite communauté de moniales d’Hurtebise. Mais de savoir notre monastère implanté dans une terre porteuse d’une longue histoire bénédictine est source d’encouragement.
Avant l’arrivée des sœurs en 1938, la propriété comprenait quelques bâtiments : une petite ferme et sa grange qui sera transformée en chapelle, un habitat, un pavillon de chasse… dès 1937 des travaux ont été entrepris pour transformer l’espace en monastère.

Le bâtiment de façade a été construit par l’architecte Noirhomme, en style néo-roman, avec arcs en plein cintre et pierres du pays (la coloration rouge du grès indique la présence de fer dans le sous-sol. Les pierres sont tirées d’une carrière située à quelques centaines de mètres du monastère).

L’intérieur de la Chapelle est très dépouillé et serein laissant un bel espace libre, aéré et clair dans le sanctuaire et elle est dotée d'une excellente acoustique. Notre église n’a rien d’une cathédrale, et n’est pas portée par une longue histoire. Mais son architecture parle. Le dépouillement nous invite à venir le cœur simple, à nous laisser unifier dans la prière et la communion fraternelle. L'espace libre nous dit quelque chose de la relation entre humains et de la relation entre l’humanité et Dieu. Au centre de la communauté, il n’y a pas la communauté, il y a un espace d’accueil pour l’autre. Et quand vous regardez l’agencement de cet espace, Dieu lui-même ne se tient pas au centre. Il est partenaire, pour nous inviter à être toujours plus accueil. Dans ce lieu, nous sommes d’abord accueillies, et nous devenons à notre tour accueillantes. Il y a symboliquement place pour l’ensemble de l’humanité, pour notre planète. Si dans la disposition des sièges, les sœurs sont regroupées en communauté, pour une question chant, mais aussi parce que, c’est en tant que communauté, partie du peuple de Dieu que nous allons à Dieu, vous observez qu’il n’y a pas de distance entre la communauté et les personnes qui souhaitent se joindre à la liturgie. C’est une image de la réalité à laquelle nous sommes appelés tous et toutes : former ensemble un seul peuple, une seule assemblée célébrante.

Ainsi le bâtiment appelé église reflète quelque chose de ce qu’est l’Église avec un grand E, peuple de Dieu, largement ouvert, décentré de soi… 
Sr Thérèse-Marie