Depuis le 4 octobre, nous avons posé notre regard sur l’église du monastère, lieu de la prière commune, lieu de la prière personnelle. Je voudrais aujourd’hui vous parler un peu de cette invitation que vous lisez dans le petit cloître juste avant d’entrer dans l’église : Écoute !
C’est le 1er mot de la Règle de Benoît. Il ne dit
pas « tais-toi », mais il invite à l’intériorité, à l’écoute du
cœur : Écoute, incline l’oreille de
ton cœur.
Benoît invite chacun de nous à faire retour en son cœur, à
ouvrir son oreille intérieure. Bien sûr, cela peut être difficile d’écouter
profondément si nous sommes environnés de bavardages, de bruits divers mais
reconnaissons-le, les pires bruits, les plus dérangeants, ne sont-ils pas nos
parasites intérieurs ? car tout en étant en silence, nous pouvons vivre avec un
sérieux cinéma intérieur, nous pouvons ressasser sans cesse
nos pensées.
Écoute,
incline l’oreille de ton cœur. Apprends doucement à faire silence, sans manier la trique à ton égard ou à
l’égard d’autrui. La trique mène au silence extérieur, pas au silence
intérieur. Si la distraction te guette, laisse les pensées te traverser sans
les retenir, comme tu regarderais les voitures passer sur la route sans vouloir
les arrêter. Descends en toi. Ouvre-toi. Détache une parole de la liturgie, une
seule suffit, et laisse-la parler en toi, se murmurer en toi… Quel écho prend une
béatitude par exemple, si tu la laisses s’inviter en ton cœur, se dire, se
redire. Si ton cœur est ainsi habité par une parole, tu seras d’autant plus à
l’écoute lors de rencontres avec autrui, et tu deviendras silence. Si tu vis dans
l’attention du cœur, tes rencontres en seront dynamisées, approfondies, et
elles te porteront.
Écoute,
incline l’oreille de ton cœur ! Il s’agit de vivre au niveau du
cœur. Non point le cœur sentimental, lieu de toute émotion, mais le cœur
profond, lieu de la volonté, de l’intelligence, de l’amour profond. Lieu de fidélité,
lieu de tout engagement.
Si nous vivons tous à ce niveau d’écoute, nous n’allons pas devenir graves et tristes, que du contraire, mais joyeux, paisibles. Le
lieu de l’écoute est lieu de grâce. Nous allons vivre de tout notre être,
écouter de tous nos pores, et nous entendrons la feuille qui tombe en cet
automne de lumière, nous entendrons le murmure du souffle ténu, qui pour Élie,
s’est révélé appel du Seigneur, don du Seigneur, présence offerte.
Sr Thérèse-Marie
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