Me revoici comme promis pour poursuivre avec vous notre
petit tour de l’église du monastère. Aujourd’hui, je vous propose de nous
attarder un peu aux divers signes de la présence du Christ.
Souvent on demande : « où est-il ton Dieu ? » Cette question
n’est pas nouvelle. On la trouve déjà dans le psautier, ce livre de prière que
Jésus à la suite des siens a utilisé.
L’église, en s’inscrivant dans le paysage d’Hurtebise, est
comme un témoin de cette présence. Non point qu’elle soit LE lieu de sa
présence, mais en ce qu’elle nous dit : « il y a Dieu », en ce qu’elle témoigne
de lui.
Lorsque nous célébrons, un premier signe de la présence est
l’assemblée elle-même. Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au
milieu d’eux, nous dit Jésus (Mt 18,20) Ainsi le frère, la sœur qui est là
assis près de toi, est pour toi sacrement de la présence de Dieu. Ainsi
l’assemblée dit la présence. Faire assemblée devient un geste de foi éminent,
et ouvre à la présence réelle de notre Dieu. L’assemblée est Tabernacle de la
Présence. Voilà qui nous surprend, nous émerveille, nous invite à participer à
la liturgie avec un cœur attentif à la présence d’autrui, car en notre
communion, Dieu s’invite.
Nous venons de parler de l’assemblée comme tabernacle, voilà
qui nous invite à tourner nos regards vers le Tabernacle. Il nous proclame que
le Christ est pain de vie. La porte de
notre tabernacle est l’œuvre de Philippe Denis. Le motif de cette porte suggère un
cercle et ce cercle n’est pas plein, il est simplement évoqué. Invitation à ne
pas s’arrêter à la matérialité de cette porte, mais à pénétrer. Invitation à
s’intérioriser, à se recueillir pour demeurer en Lui comme Lui souhaite
demeurer en nous. Ce cercle peut aussi évoquer l’alliance qui se noue dans ce
don du pain.
Parler du don du pain, nous amène à la célébration
eucharistique. Et nos regards se tournent vers l’autel. C’est d’un seul bloc de
pierre que Jean Willame l’a sculpté : Christ est notre rocher. Sur lui nous
pouvons fonder notre vie.
Au-dessus de l’autel, nous découvrons la croix : une croix
glorieuse : le Christ n’y figure pas. Christ est ressuscité ! Il nous invite à
passer avec lui sur l’autre rive, dans la foi. Les branches verticales et
horizontales de la croix ont même dimension, signe que verticalité et
horizontalité se conjuguent en nos vies, que tendant vers Dieu nous sommes
appelés à tendre aussi vers l’humanité. Le commandement de l’amour est double :
tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute
ta force. Et tu aimeras ton prochain comme toi-même. Telle est l’humilité de
notre Dieu qui n’a pas voulu dominer, écraser, mais s’est fait l’un de nous et
se donne à rencontrer dans le moindre de ces petits (cf Mt 25) Pour la réaliser
Philippe Denis s’est inspiré d’un mot du prophète Malachie : « la guérison est
dans ses rayons » (Mal 3,18) et de la citation du cantique de Zacharie « soleil
levant qui vient nous visiter », chanté chaque matin aux Laudes.
Le cierge pascal, présent durant le temps pascal et lors de
funérailles, nous dit que le Christ est notre lumière. Ainsi la liturgie a
conservé l’usage de cierges durant les célébrations. On aurait pu penser qu’à
notre époque les cierges seraient remplacés par une ampoule électrique. Mais
non, la fragilité de la flamme qui s’élève d’une simple colonne de cire dit
tellement mieux cette lumière que le Christ est cette lumière qu’il nous
offre. Il s’offre à nous, il ne s’impose pas. Il ne cherche pas à éblouir, il
veut seulement éclairer.
Le lutrin, où est ouvert le livre de la Parole, est aussi un signe de la présence : nous y reviendrons dimanche prochain...
Asseyons-nous simplement en cette église, laissons-nous habiter par Celui qui nous y donne rendez-vous.
Sr Thérèse-Marie
J'aime la sérénité de la chapelle d'Hurtebise. J'aime particulièrement le travail de la croix !
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