Je vais
vous parler cette semaine d’une « toute petite règle écrite pour des
débutants » (73,8).
S’agit-il
de celle de St Benoît ? Certes ! Lui-même la qualifie ainsi dans sa
conclusion.
Voilà qui
nous rassure peut-être. Mais à qui s’adresse-t-il vraiment ?
Imaginez
une grande foule, et, au milieu d’elle, le Seigneur qui passe ! Et le
voilà qui élève la voix, qui lance un appel à tous. Il dit « Qui veut
la vie ? Qui désire le bonheur ? » Entends-tu cet appel ?
Est-ce que tu réponds « Moi » ? (prologue 14-15).
Telle est
la question que pose Benoît à celui qui entrouvre sa Règle. Voilà à qui
s’adresse sa Règle !
Essayons
donc de la découvrir ensemble.
Elle fut
écrite au milieu du 6e siècle ; c’est dire la distance qui nous
en sépare au niveau des formulations, du mode de vie. Inutile donc de commencer
par lire ces chapitres où certains comportements nous semblent bien étranges.
Par cette distance même – écrits sœur Lazare de Seilhac - la Règle rejoint les expériences
humaines les plus fondamentales et les plus quotidiennes.
Car la
Règle n’est pas un traité théologique : après quelques chapitres de
doctrine spirituelle, l’essentiel est constitué d’instructions pratiques qui
doivent régir la vie du monastère : comment les frères doivent chanter
l’office, travailler, mais aussi dormir, manger… En quoi ces détails de
nourriture et de vêtements de moines du 6e siècle peuvent-ils bien
nous concerner ?
Si nous
savons saisir leur esprit et ainsi nous en inspirer, nous comprendrons combien
c’est par la pratique quotidienne que l’Esprit va transformer l’être de chacun.
Benoît insiste à de nombreuses reprises sur la vie fraternelle, et toujours
jusque dans le concret des relations. Voilà qui nous rejoint aussi, car nous
sommes tous au cœur d’un réseau de relations.
Mais par où
commencer si nous n’avons jamais tenu ce livre en main ou si – cela est
fréquent – une première approche, une lecture hors contexte, nous a rebutés au
point de nous en détourner ?
Permettez-moi
donc quelques conseils !
-
Choisir une traduction dans un langage
qui nous est proche, familier. A titre d’exemple « La Règle de Saint
Benoît » de l’Abbaye de Bellefontaine (La tradition, source de vie n°2)
-
S’aider dès le départ par un
commentaire de la Règle. Il existe des quantités d'ouvrages, dont de nombreux à l’usage
des laïques. Pourtant, mon préféré est constitué des commentaires fait par Dom
Guillaume aux moines de l’abbaye du Mont des Cats quand il y était abbé. Quel
que soit son état de vie, le lecteur y puisera aisément de quoi se nourrir. (Sur
un chemin de liberté, Dom Guillaume Jedrzejczak, éd. Anne Sigier 2006)
-
Commencer par le prologue. Non pas tant
parce qu’il est au début… mais parce qu’il fonde et résume toute la portée des
autres chapitres; même si l’on y trouve une fois les mots de vie religieuse ou
de monastère, qui le lira le transposera aisément dans sa propre vie et se
laissera donc interpeller.
-
A l’occasion, rejoindre un groupe pour
en discuter : c’est ce qui est proposé deux fois par an aux Amis
d’Hurtebise !
Benoît veut
une communauté où tout est ordonné à la recherche de Dieu.
Tel est
bien finalement l’élan de sa Règle. Telle est notre vocation à tous.
La Règle,
une vraie lumière sur le chemin, dont nous découvrirons la prochaine fois
quelques pépites, juste pour en donner le goût…
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