Au long des 73
chapitres de la Règle, les indications concrètes abondent en vue d’une vie
communautaire (familiale, ou dans tous les groupes que nous fréquentons) qui
permette à chacun de vivre au quotidien selon l’Evangile.
Mais un outil
fondamental que Benoît avance, c’est l’obéissance. Sans doute beaucoup d’Amis
d’Hurtebise diront que voilà bien une chose réservée aux moniales ! Rien
n’est moins sûr ! Chacun et chacune, là où il vit, est appelé à
« obéir » sans cesse : obéir au supérieur peut-être (chapitre 5
de la Règle), s’obéir les uns aux autres (chapitre 71), « obéir » aux événements… !
« L’obéissance sans
délai convient à ceux qui n’ont rien de plus cher que le Christ. »
Cette phrase est
belle : pas le moindre relent de volontarisme, d’imposition, de
renoncement… c’est tout l’inverse : on y parle d’abord d’amour… alors,
l’obéissance me convient… quelle douceur !
En fait, le
chapitre 5 débute ainsi : « Le
1e degré de l’humilité est d’obéir sans délai »
« L’humilité, c’est la vérité » I Co
13,6
Vivre l’appel à
l’obéissance comme une invitation à être dans sa vérité, à apprendre alors à
lâcher prise sans se préoccuper de défendre ses intérêts, ses droits, ses
acquis … L’obéissance, une école de vérité… et cette vérité, nous ne pouvons
que la recevoir.
La grâce de
l’obéissance, en nous dépouillant de nous-mêmes, permet de percevoir que notre
vérité, c’est que nous sommes aimés tels que nous sommes. L’obéissance est cet
abandon qui conduit à l’humble amour de soi-même, dégagé de tous les
faux-semblants qui nous donnent l’impression d’être quelque chose, alors que
nous sommes infiniment plus grands.
De soi,
l’obéissance ne s’adresse qu’à Dieu car c’est renoncer à organiser sa vie à sa
guise pour essayer de discerner la volonté de Dieu. Dieu parle par ses
commandements, l’autorité, les invitations des frères, les événements du
quotidien, les inspirations de l’Esprit Saint. Celui qui n’entend pas la voix
de ses frères, n’entendra jamais le murmure de Dieu.
Le Seigneur dit à ceux qui
enseignent : Celui qui vous écoute m’écoute
Avec cette phrase
d’Evangile, St Benoît revient à l’Ecoute !
Répondre à un
appel, une attente, avec discernement, c’est d’abord l’entendre, l’écouter…
dans ses différentes harmoniques. En quelque sorte, se laisser enseigner par
les circonstances, effectuer un changement d’angle de vue, une sortie de
soi ; cela dans le concret de la vie de chaque instant !
Il y a une qualité
de l’obéissance : « sans délai ».
Mais pourquoi cette insistance sur la rapidité ? Benoît le répète au moins
10 ou 12 fois dans ce court chapitre. Cet empressement m’évoque la
disponibilité, l’ouverture, l’accueil… la confiance aussi vis-à-vis de l’autre
que Dieu met sur ma route ou face à la circonstance que Dieu m’appelle à vivre
L’obéissance peut
donc se vivre dans la simplicité, la sérénité puisque son seul but est de
croître en amour, de faire la volonté du Père, comme Jésus l’a vécue.
« Dieu aime celui qui donne avec
joie »
(5,16)