« Le Verbe s’est fait chair, et il a demeuré
parmi nous… » (Jn 1,14).
« Le Christ s’est fait pauvre pour nous… »
(2 Cor. 8,9).
« Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le
Christ qui vit en moi… » (Gal. 2,20).
Ces citations de Jean et Paul nous invitent à une
méditation sur le mystère de l’Incarnation alors que s’ouvre une année de la
Miséricorde.
La venue du Fils de Dieu parmi les hommes n’est
pas seulement un événement d’un passé lointain mais la continuation de sa présence en nous encore aujourd’hui. Jésus
n’a pas cessé d’être le Verbe incarné après sa vie terrestre. Le Fils du Père
poursuit sa mission chez les hommes de notre temps, par l’Esprit qui a été
donné à l’Eglise entière et à chaque baptisé en particulier.
Mais pour quelle raison le Père a-t-il formé un projet aussi fou pour notre humanité ? Le
credo de Nicée-Constantinople dit simplement :
« …pour notre salut, il descendit du ciel et s’est fait homme… ».
« …pour notre salut, il descendit du ciel et s’est fait homme… ».
Une explication est la victoire sur le péché et le
mal. La première annonce des témoins de la résurrection proclame en effet :
« … le Christ est mort pour nos
péchés selon les Ecritures… » (1 Cor. 15). Mais une ancienne théologie
voulait expliquer le sacrifice du Fils comme une expiation : il fallait réconcilier Dieu avec l’humanité.
Alors que Saint Paul nous dit tout autre
chose : « C’est Dieu qui, dans
le Christ, se réconcilie le monde, ne tenant plus compte des fautes des hommes…
(2 Cor. 5,19).
La rédemption apparaît comme le pardon gratuit du Père des
miséricordes et du Dieu de toute consolation.
Une autre approche, très positive, est dans la
tradition des Pères. Dieu s’est fait
homme pour que l’homme soit divinisé. En Jésus-Christ nous devenons des fils
adoptifs, nous trouvons notre vraie condition d’enfants de Dieu, nous
participons à la vie même de Dieu (2 Pierre 1,4). L’homme est invité à entrer dans un processus
de conversion, de transformation
spirituelle. Suivant l’enseignement de Jésus à Nicodème, le disciple doit renaître au souffle de
l’Esprit.
« … Que
la miséricorde alors repousse ses limites (Ex. 2,24), qu’elle étende ses
cordages (Is. 54,2), qu’elle élargisse son sein, qu’elle se déploie avec force d’une extrémité du monde à l’autre
et dispose tout avec douceur (Sg 8,1).
Seigneur ton cœur est sanglé par le jugement : dénoue ta ceinture
et viens, débordant de miséricorde et ruisselant de charité ! »
(St Bernard, Sermons pour l’année, Noël, Sermon I).
Alain