dimanche 12 février 2017

Présentation de Jésus au temple (2)


Le verbe « consoler », en hébreu, vient d’une racine dont la signification de base est celle d’inverser un cours d’action. Cela donne par exemple : « inverser la spirale négative des humeurs », d’où « consoler ». Au sens réflexif, cela donne « se repentir, se raviser », et ce sens est surprenant quand il a Dieu comme sujet, par exemple juste avant le déluge, quand « Dieu se repent d’avoir créé l’homme » (Gn 6, 6-7), ou encore après le péché du peuple, quand Dieu se repent de sa colère (à la prière de Moïse : Ex 32, 14). Oui, la Bible dit qu’il arrive à Dieu de se repentir, de se raviser, de changer d’avis…A ce moment, on pourrait dire aussi : « Dieu se console ». Cela ne veut pas dire qu’il est versatile : c’est par fidélité à lui-même, à sa justice autant qu’à sa miséricorde, qu’il garde au cœur cette sorte de botte secrète : sa consolation, sa capacité d’inverser le cours des choses sans entamer la liberté des hommes…

La consolation, dans le langage biblique, désigne donc un renversement de situation. Et c’est cela que voit Syméon, ce que l’Esprit Saint lui fait comprendre : Dans ce petit enfant de 40 jours qu’un jeune couple vient présenter au temple, il voit la consolation d’Israël, il voit le renversement de situation imaginé par Dieu pour sauver l’humanité.

Là où tous voient un fils d’homme présenté à Dieu par un couple, il voit le Fils de Dieu offert aux hommes. Un fils d’homme offert à Dieu… le Fils de Dieu offert aux hommes.

Et il voit plus loin : il voit aussi l’autre renversement que cela implique, à l’autre bout de l’existence : il voit qu’en assumant la condition humaine par sa naissance, Dieu endosse aussi la mort (lettre aux Hébreux) et il voit le retournement que cela entraînera pour la mort : « par sa mort, il va réduire à l’impuissance celui qui possède le pouvoir de la mort ».

Syméon voit tout cela, avec ce regard large que lui donnent le grand âge et l’expérience, illuminée par la prière et l’écoute de l’Esprit.

Syméon fait le lien entre Noël et Pâques. Il reçoit de Marie l’enfant de Noël et il remet à Marie l’enfant de Pâques. Il reçoit de Marie un tout-petit qui ne suscite que tendresse et émerveillement, il remet à Marie le Fils de Dieu déjà chargé de la gravité de Pâques.

Avec Syméon, recevons de Marie la Consolation d’Israël, le Fils de Dieu fait homme, le mystère du salut qui renverse les perspectives et bouleverse les attentes.
Avec Marie, accueillons dans nos vies l’enfant de Pâques, déjà ce « grand prêtre miséricordieux et digne de foi pour les relations avec Dieu », qui entre aujourd’hui dans le Temple, lui qui va souffrir jusqu’au bout, pour nous, l’épreuve de sa Passion afin de nous libérer pour toujours de la crainte de la mort.
  

Sœur Marie-Raphaël, 2 février 2017

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