Un écho de la Journée des Amis
La prière du cœur, un trésor enfoui dans le champ…
Envahi par le bruit et les images et submergé de
préoccupations de toutes sortes, le chrétien risque de perdre son âme. Une très
antique tradition orientale appelée Prière
de Jésus ou Prière du cœur peut,
si nous y sommes appelés, nous conduire à prier, à nous souvenir de Dieu
« en toutes circonstances » comme le recommande Saint Paul.
Il s’agit de l’invocation du Nom de Jésus, du Kyrie eleison : « Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, prends
pitié de moi pécheur.
Dans la liturgie de ce
premier dimanche de Carême, l’Epître aux Romains nous lançait un
rappel : « Tous ceux qui
invoqueront le nom du Seigneur seront sauvés ».
Chaque terme de la prière a sa signification : le
Seigneur est le ressuscité, Jésus signifie Dieu qui sauve, Christ est le
Messie, le Fils est le premier né par lequel nous devenons fils adoptifs et
cohéritiers et nous donne d’être enfants du Père. La pitié est la demande de la
miséricorde gratuite, pour le pécheur, le publicain qui ne fait pas valoir ses
mérites.
La fréquence de la prière a pour but de nous familiariser avec
la présence du Seigneur. Elle permet à nos cœurs de pierre de se dilater
progressivement au fur et à mesure de la vie spirituelle (cfr la fin du
Prologue de la Règle de Benoît). Il s’agit d’un combat quotidien : «
Il faut beaucoup et longtemps combattre,
pour que l’ennemi soit rejeté, et que le Christ habite en nous » (Jean
Chrysostome) L’incessante prière finit par unifier notre
personne, simplifie notre regard, nous conduit à la paix intérieure.
L’invocation du Nom du Seigneur a une signification
eucharistique (viatique pour notre route terrestre), ecclésiale (communion des
saints), spirituelle (avec l’Esprit, nous devenons des témoins). Elle est
charité et bénédiction pour les personnes que nous rencontrons, elle est chemin
vers le Père grâce au Christ qui nous y conduit. Elle est enfin participation à
la vie trinitaire : « Vaincre
la déchirante division du monde par la contemplation de la Très Sainte Trinité »
(Saint Serge).
Le pèlerin russe a découvert ce trésor enfoui dans le champ de
son cœur : « l’invocation
continuelle et ininterrompue du nom de Jésus par les lèvres, le cœur et
l’intelligence, dans les sentiments de sa présence, en tout lieu, en tout
temps…Celui qui s’habitue à cette invocation ressent une très grande
consolation et le besoin de dire toujours cette prière… ».
Alain
Michel Evdokimov, Ouvrir son cœur, un chemin spirituel, Desclée de Brouwer, 2004
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