Jésus a mis environ trois années pour annoncer le
Royaume de Dieu. Il a enseigné aux foules, formé des disciples, guéri des
malades, relevé des âmes perdues. Beaucoup attendaient autre chose. Les
oreilles n’entendaient pas ou n’entendaient qu’à moitié. Un échec retentissant
s’en est suivi.
Le multibillionnaire américain Ted Turner, lui aussi
un peu dur de la feuille, a déclaré qu’il n’aimait pas la religion chrétienne car,
disait-il, « c’est une religion de perdants ». Propos remarquable, soulignait l’écrivain Simon Leys : on ne saurait mieux la définir… car
tout progrès humain est dû aux gens qui échouent. « … Don Quichotte a subi
d’innombrables revers. Comme il refusait obstinément d’ajuster
« l’énormité de son désir » « à la petitesse de la
réalité », il était voué à un perpétuel échec. Seule une culture fondée
sur une religion de perdants pouvait produire un pareil héros…. » (Simon
Leys, Protée et autres essais,
Gallimard, 2001).
L’Evangile est en effet truffé de conseils dans
ce sens : donner sa vie, prendre sa croix, ne pas se soucier des
richesses, découvrir une force dans la faiblesse. Le sanctoral est rempli de
serviteurs et servantes qui, au mépris de leurs propres intérêts, ont ouvert
des écoles, des hôpitaux, des hospices, dressé
des tables pour les pauvres, connu le martyre…
Les disciples de Jésus apparaissent dès lors comme
des « losers », des
perdants aux yeux de la réussite mondaine, comme le fut leur Maître.
Notre relation d’amour avec le Seigneur vécue dans
la prière n’est pas un savoir mais une connaissance obscure où notre
intelligence est toujours « en
perte » par rapport au mystère de cet amour qui nous dépasse (Madeleine
Delbrêl).
« Mes chemins
ne sont pas vos chemins… » (Isaïe, 55, 8).
Proposé par Alain à l’occasion de la
Journée des Amis du 1 octobre.
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