Que l’on
s’assoie en forêt au pied d’un arbre, que l’on se couche sur l’herbe du jardin,
que simplement l’on s’appuie sur un vieux mur, il suffit de quelques minutes
pour faire connaissance avec un monde merveilleux mais discret : celui des
mousses.
Nous
pourrions facilement imaginer que Benoît, dans sa retraite d’ermite dans les
bois de Subiaco, a dû vivre en parfaite harmonie avec ces espèces discrètes de
végétaux qui ont pu lui inspirer certains passages de la Règle.
Elles ont
comme caractéristique première de vivre en communautés comme les disciples de
Benoît. (R.B.
1)*
Avec un
peu d’attention et d’esprit d’observation, nous sommes invités à nous faire
tout petits et faire preuve comme ces mousses de beaucoup d’humilité (R.B. 7).
Nous
pourrons alors pénétrer le monde de ces miniforêts.
Celles-ci
sont habitées par une multitude d’animaux minuscules (rotifères, collemboles..)
qui bénéficient de l’accueil (R.B. 53) et de la protection de ces
petites créatures végétales. D’autres espèces de mousses y sont également
accueillies avec convivialité dans une sorte de symbiose (R.B.
61).
Si ce
n’est le chant de l’oiseau ou le murmure de l’eau qui coule à proximité, ces
petites mousses vivent le plus souvent dans un profond silence (R.B. 6
et 42)
qui les rend disponibles à l’introspection et à l‘émerveillement.
Même leur
vêture aux couleurs discrètes qui varient du vert au brun en passant par un peu
d’ocre, leur permet de se faire oublier (R.B.
55).
Ensuite,
on remarquera que ces mignonnes profitent de la clarté du jour et des rayons du
soleil pour œuvrer à la photosynthèse. Contrairement aux grands arbres, elles
travaillent (R.B. 48) même en hiver. Elles constituent ainsi un
vaste piège à carbone qui libère l’oxygène dont quasi tous les êtres vivants
ont cruellement besoin.
Ces
petits êtres végétaux, qui ne disposent pas de racines susceptibles d’aller
puiser l’eau en profondeur dans le sol, se voient contraintes de l’utiliser
avec modération (R.B.40) et de constituer des réserves
entre leurs feuilles lorsqu’il pleut. Elles assurent ainsi leurs propres
besoins et ceux de leurs hôtes du monde animal.
Lors de
longues périodes de sécheresse, les mousses ralentissent peu à peu leur
métabolisme pour entrer dans une période de repos et de dessiccation.
Lorsqu’elles retrouvent l’eau, elles reprennent peu à peu leurs humbles mais
précieuses activités grâce au processus de reviviscence auquel nous sommes,
nous aussi, appelés (R.B. 49).
Ces
petites Créatures nous invitent ainsi à voir Dieu en toutes choses et voir toutes
choses en Dieu. Changer de point de vue est toujours Vivifiant.
Pierre
* Les références se rapportent aux
chapitres de la Règle de Saint Benoît
|
Merci, Pierre pour ce "changement de point de vue" bien sympathique !
RépondreSupprimerNe soyons pas comme la pierre sans racine et sans soif, qui roule ... et qui n'amasse pas mousse !
Philippe