dimanche 19 juin 2016

Les mousses….un esprit bénédictin



Que l’on s’assoie en forêt au pied d’un arbre, que l’on se couche sur l’herbe du jardin, que simplement l’on s’appuie sur un vieux mur, il suffit de quelques minutes pour faire connaissance avec un monde merveilleux mais discret : celui des mousses.
Nous pourrions facilement imaginer que Benoît, dans sa retraite d’ermite dans les bois de Subiaco, a dû vivre en parfaite harmonie avec ces espèces discrètes de végétaux qui ont pu lui inspirer certains passages de la Règle.
Elles ont comme caractéristique première de vivre en communautés comme les disciples de Benoît. (R.B. 1)*
Avec un peu d’attention et d’esprit d’observation, nous sommes invités à nous faire tout petits et faire preuve comme ces mousses de beaucoup d’humilité (R.B. 7). Nous pourrons alors pénétrer le monde de ces miniforêts.
Celles-ci sont habitées par une multitude d’animaux minuscules (rotifères, collemboles..) qui bénéficient de l’accueil (R.B. 53) et de la protection de ces petites créatures végétales. D’autres espèces de mousses y sont également accueillies avec convivialité dans une sorte de symbiose (R.B. 61).
Si ce n’est le chant de l’oiseau ou le murmure de l’eau qui coule à proximité, ces petites mousses vivent le plus souvent dans un profond silence (R.B. 6 et 42) qui les rend disponibles à l’introspection et à l‘émerveillement.  
Même leur vêture aux couleurs discrètes qui varient du vert au brun en passant par un peu d’ocre, leur permet de se faire oublier (R.B. 55).
Ensuite, on remarquera que ces mignonnes profitent de la clarté du jour et des rayons du soleil pour œuvrer à la photosynthèse. Contrairement aux grands arbres, elles travaillent (R.B. 48) même en hiver. Elles constituent ainsi un vaste piège à carbone qui libère l’oxygène dont quasi tous les êtres vivants ont cruellement besoin.
Ces petits êtres végétaux, qui ne disposent pas de racines susceptibles d’aller puiser l’eau en profondeur dans le sol, se voient contraintes de l’utiliser avec modération (R.B.40) et de constituer des réserves entre leurs feuilles lorsqu’il pleut. Elles assurent ainsi leurs propres besoins et ceux de leurs hôtes du monde animal.
Lors de longues périodes de sécheresse, les mousses ralentissent peu à peu leur métabolisme pour entrer dans une période de repos et de dessiccation. Lorsqu’elles retrouvent l’eau, elles reprennent peu à peu leurs humbles mais précieuses activités grâce au processus de reviviscence auquel nous sommes, nous aussi, appelés (R.B. 49).
Ces petites Créatures nous invitent ainsi à voir Dieu en toutes choses et voir toutes choses en Dieu. Changer de point de vue est toujours Vivifiant.
  Pierre

*  Les références se rapportent aux chapitres de la Règle de Saint Benoît                                                      

1 commentaire:

  1. Merci, Pierre pour ce "changement de point de vue" bien sympathique !
    Ne soyons pas comme la pierre sans racine et sans soif, qui roule ... et qui n'amasse pas mousse !
    Philippe

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