Je
suis venue en myrrhophore.
Tous
les parfums de ce jardin de nuit
ont
entouré mon humble offrande
comme
une sœur.
Ils
savent ;
moi,
je tâtonne dans l’obscurité.
¶
Je
suis venue en myrrhophore
pour
un geste inachevé
que
ta mort m’a dérobé.
Me
sera-t-il donné encore
de
toucher
ne
serait-ce que la frange
de
ton vêtement de nuit ?
¶
Ils
sont venus, ils sont partis déjà :
qu’ont-ils
compris, si vite,
en franchissant le seuil ?
le
jardin de ton absence
tant
qu’il ne me livre
son
secret.
¶
Je
suis venue en myrrhophore :
me
sera-t-il donné assez de temps
pour
accepter ta mort ?
L’espace
d’un sabbat,
ta
vie m’a prise de court.
¶
C’est
un lieu de terre et de ciel
qui
s’imprime en ta chair
et
la déborde
où
lui,
voleur
de nuit, brise qui fait trembler
tout
ce qu’elle touche
te
rend déjà
ce
que tu voulais lui offrir.
¶
¶
Est-ce
une tombe ou un berceau ?
Tes
yeux doivent s’habituer,
les
larmes n’ont rien arrangé.
La
lumière, aujourd’hui,
éclaire
tout différemment.
¶
Penchée,
retourne-toi, retourne-toi encore.
Courbée,
relève-toi, réveille-toi enfin.
Égarée, tends l’oreille à la voix douce du
pasteur.
Surprise, réponds-lui, libère le cri de ton cœur.
¶
Marie !
Il
se contente de peu de mots,
le
Verbe,
parfois
d’un simple nom
murmuré
tout bas.
En
lui remonte
le
fleuve du souvenir,
explose
le
torrent du désir,
en
lui prend source désormais
le
grand récit en devenir.
¶
Marie !
Murmure
d’une voix
reconnue
entre mille.
Rabbouni !
Ce
cri envolé de toi,
oiseau
libéré qui t’échappe,
éclair
qui déchire ta nuit :
tout
bascule dans la lumière.
¶
Tu
es venue en myrrhophore :
ne
retiens pas la nuit
ni
la béance du tombeau.
De
la rumeur qui te devance,
reviens-nous
messagère,
saturée
de lumière,
libère,
ne retiens pas
la
parole.
Sr Marie-Raphaël
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