dimanche 27 mars 2016

Pâques !





Je suis venue en myrrhophore.
Tous les parfums de ce jardin de nuit
ont entouré mon humble offrande
comme une sœur.

Ils savent ;
moi, je tâtonne dans l’obscurité.
Je suis venue en myrrhophore
pour un geste inachevé
que ta mort m’a dérobé.
Me sera-t-il donné encore
de toucher
ne serait-ce que la frange
de ton vêtement de nuit ?
Ils sont venus, ils sont partis déjà :
qu’ont-ils compris, si vite, 
en franchissant le seuil ?

Moi, je ne peux quitter
le jardin de ton absence
tant qu’il ne me livre
son secret.
Je suis venue en myrrhophore :
me sera-t-il donné assez de temps
pour accepter ta mort ?

L’espace d’un sabbat,
ta vie m’a prise de court.
C’est un lieu de terre et de ciel
qui s’imprime en ta chair
et la déborde

où lui,
voleur de nuit, brise qui fait trembler
tout ce qu’elle touche
te rend déjà
ce que tu voulais lui offrir.
Est-ce une tombe ou un berceau ?
Tes yeux doivent s’habituer,
les larmes n’ont rien arrangé.
La lumière, aujourd’hui,
éclaire tout différemment.
Penchée, retourne-toi, retourne-toi encore.
Courbée, relève-toi, réveille-toi enfin.
Égarée, tends l’oreille à la voix douce du pasteur.

Surprise, réponds-lui, libère le cri de ton cœur.
Marie !

Il se contente de peu de mots,
le Verbe,
parfois d’un simple nom
murmuré tout bas.

En lui remonte
le fleuve du souvenir,
explose
le torrent du désir,
en lui prend source désormais
le grand récit en devenir.
Marie !

Murmure d’une voix
reconnue entre mille.

Rabbouni !

Ce cri envolé de toi,
oiseau libéré qui t’échappe,
éclair qui déchire ta nuit :
tout bascule dans la lumière.
Tu es venue en myrrhophore :
ne retiens pas la nuit
ni la béance du tombeau.

De la rumeur qui te devance,
reviens-nous messagère,
saturée de lumière,
libère, ne retiens pas
la parole.

Sr Marie-Raphaël

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