dimanche 20 septembre 2015

Qui désire le bonheur ?

Je vais vous parler cette semaine d’une « toute petite règle écrite pour des débutants » (73,8).
S’agit-il de celle de St Benoît ? Certes ! Lui-même la qualifie ainsi dans sa conclusion.
Voilà qui nous rassure peut-être. Mais à qui s’adresse-t-il vraiment ?

Imaginez une grande foule, et, au milieu d’elle, le Seigneur qui passe ! Et le voilà qui élève la voix, qui lance un appel à tous. Il dit « Qui veut la vie ? Qui désire le bonheur ? » Entends-tu cet appel ? Est-ce que tu réponds « Moi » ? (prologue 14-15).
Telle est la question que pose Benoît à celui qui entrouvre sa Règle. Voilà à qui s’adresse sa Règle !

Essayons donc de la découvrir ensemble.
Elle fut écrite au milieu du 6e siècle ; c’est dire la distance qui nous en sépare au niveau des formulations, du mode de vie. Inutile donc de commencer par lire ces chapitres où certains comportements nous semblent bien étranges.
Par cette distance même – écrits sœur Lazare de Seilhac - la Règle rejoint les expériences humaines les plus fondamentales et les plus quotidiennes.

Car la Règle n’est pas un traité théologique : après quelques chapitres de doctrine spirituelle, l’essentiel est constitué d’instructions pratiques qui doivent régir la vie du monastère : comment les frères doivent chanter l’office, travailler, mais aussi dormir, manger… En quoi ces détails de nourriture et de vêtements de moines du 6e siècle peuvent-ils bien nous concerner ?
Si nous savons saisir leur esprit et ainsi nous en inspirer, nous comprendrons combien c’est par la pratique quotidienne que l’Esprit va transformer l’être de chacun. Benoît insiste à de nombreuses reprises sur la vie fraternelle, et toujours jusque dans le concret des relations. Voilà qui nous rejoint aussi, car nous sommes tous au cœur d’un réseau de relations.

Mais par où commencer si nous n’avons jamais tenu ce livre en main ou si – cela est fréquent – une première approche, une lecture hors contexte, nous a rebutés au point de nous en détourner ?
Permettez-moi donc quelques conseils !
-          Choisir une traduction dans un langage qui nous est proche, familier. A titre d’exemple « La Règle de Saint Benoît » de l’Abbaye de Bellefontaine (La tradition, source de vie n°2)
-          S’aider dès le départ par un commentaire de la Règle. Il existe des quantités d'ouvrages, dont de nombreux à l’usage des laïques. Pourtant, mon préféré est constitué des commentaires fait par Dom Guillaume aux moines de l’abbaye du Mont des Cats quand il y était abbé. Quel que soit son état de vie, le lecteur y puisera aisément de quoi se nourrir. (Sur un chemin de liberté, Dom Guillaume Jedrzejczak, éd. Anne Sigier 2006)
-          Commencer par le prologue. Non pas tant parce qu’il est au début… mais parce qu’il fonde et résume toute la portée des autres chapitres; même si l’on y trouve une fois les mots de vie religieuse ou de monastère, qui le lira le transposera aisément dans sa propre vie et se laissera donc interpeller.
-          A l’occasion, rejoindre un groupe pour en discuter : c’est ce qui est proposé deux fois par an aux Amis d’Hurtebise !

Benoît veut une communauté où tout est ordonné à la recherche de Dieu.
Tel est bien finalement l’élan de sa Règle. Telle est notre vocation à tous.

La Règle, une vraie lumière sur le chemin, dont nous découvrirons la prochaine fois quelques pépites, juste pour en donner le goût…

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